Chère lectrice, cher lecteur,
Le changement d’heure est une tradition depuis longtemps rentrée dans nos mœurs.
D’abord pensée au XVIIIe siècle par Benjamin Franklin pour économiser les chandelles, elle a été appliquée dans les pays occidentaux à partir du XXe siècle.
L’idée était de mieux aligner les heures éveillées sur celles du jour, afin de limiter les dépenses énergétiques, en lumière et enchauffage.
Bien que cette «tradition» récente soit remise régulièrement en cause, elle est toujours d’actualité. Mais est-elle bonne pour la santé?
Respectez votre rythme
Nous en avons presque tous fait l’expérience. Lorsque nous nous couchons à des heures très variées, notre santé et notre capacité de concentration est sérieusement diminuée
En effet, la plupart de nos fonctions corporelles se basent sur une certaine régularité. C’est ce qu’on appelle le rythme circadien – qui fait le tour (circa) de la journée (dies).
Notre organisme a besoin de repères pour déterminer la disponibilité d’un surcroît d’énergie, quand il a envie de dormir, comment s’adapter à la température ambiante...
Votre adaptation au cycle jour/nuit influe donc sur
—Votre sommeil,
—Vos moments de bonne forme
—Votre pression artérielle et votre fréquence cardiaque
—Votre production d’hormones
—Vos capacités cérébrales
—Votre humeur
—Votre mémoire
—Et bien d’autres encore, puisque ce rythme influence presque toutes vos fonctions biologiques.
En suivant votre «horloge circadienne», votre corps sécrète dela mélatonine en fin de journée, l’hormone de l’envie de dormir.
Ceci influence la température de votre corps, qui est basse au petit matin et plus élevée durant la journée, ce qui influence vos besoins énergétiques.
C’est ce même rythme qui fait baisser vos contractions intestinales la nuit, mais aussi marcher votre mémoire pendant ce temps.
Comment fonctionne le sommeil
L’humain n’est naturellement pas la seule espèce à être dotée d’un rythme circadien. Chez nous, elle se trouve dans l’hypothalamus, une région du cerveau.
Activée par pas moins de 10000 neurones, elle est contrôlée par une quinzaine de gènes spécifiques. Elle forme des noyaux appelé «suprachiasmatiques»1 qui envoient ensuite des messages au reste du corps.
Le rythme une fois installé dans le corps continue de fonctionner même en cas de perte de repère. Ainsi des personnes plongées dans le noir pendant plusieurs jours, conservent une horloge interne d’environ 24 heures.
Toutefois, sans le repère de la lumière du jour, le rythme se décale tous le jours entre 10 et 30 minutes, ce qui peut créer des écarts considérables à moyen terme.
Le pic de mélatonine est atteint entre 2 et 4 heures du matin, etdiminue ensuite jusqu’à ce que l’hormone ne soit plus sécrétée,lorsque le soleil se lève.
Avec la lumière artificielle la question se pose la question de la perturbation du rythme de sommeil. Des études ont prouvé quemême la lumière des bougies pouvait faire passer l’envie de dormir.
Comme notre horloge biologique est particulièrement sensible àla lumière bleue (d’une fréquence d’ondes de 460 à 500 nanomètres), il est très important de ne pas s’y exposer trop tard.
Chacun peut en faire l’expérience! En effet, nos écrans sont des sources puissantes de lumière bleue.
Porter des filtres sur vos lunettes permet de vous en prémunir pendant la journée, pour ne pas vous fatiguer inutilement.
Mais c’est surtout la nuit, avant le coucher, que votre sommeil sera de bien meilleure qualité si vous éteignez votre téléphone et votre ordinateur au moins une heure avant d’aller au lit.
Votre corps est fait pour s’adapter
Notre corps s’adapte naturellement au raccourcissement ou à l’allongement quotidiens de la durée du jour. Ces capacités d’adaptation sont mises à l’épreuve lors du changement d’heure, plus brutal.
C’est la luminosité extérieure qui affecte notre production de mélatonine et le décalage progressif de notre rythme biologique.
La lumière perçue par la rétine est directement envoyée aux noyaux suprachiasmatiques.
A leur tour, ils relaient l’information jusqu’à la glande qui produit la mélatonine – l’épiphyse, appelée aussi glande pinéale
– située environ au centre du cerveau.
C’est ainsi que le cerveau s’adapte aux changements d’heure et aux décalages horaires.
Nos autres organes ont également leur horloge biologique propre, dont l’épiphyse est le timonier.
Ainsi, je ne doute pas que vous ayez l’habitude de prendre vos repas à une heure précise, ou de faire votre sport à un certain moment.
Et ceci a une influence directe sur le fonctionnement des organes digestifs, du cœur, des reins, du foie...
Ces horloges biologiques miniatures se «calent» naturellementsur le rythme de l’épiphyse.
Globalement, il est important de trouver son rythme biologique,car autrement, les conséquences pour la santé peuvent être graves.
Ceci est particulièrement visible chez les insomniaques chroniques et les travailleurs de nuit.
—Des envies de dormir en pleine journée et une impossibilité de dormir la nuit
—Un mauvais état de santé global, dont des troubles dermatologiques ou digestifs
—Des problèmes cardiovasculaires
—Des difficultés de concentration et de mémorisation
—Une mauvaise humeur, de l’anxiété, voire de la dépression
—Des risques accrus de cancer
Changement d’heure: pas d’inquiétude !
A priori, le changement d’heure est moins perturbant qu’un réeldécalage horaire. Toutefois, il arrive ainsi qu’on mette une petite semaine à s’en remettre.
Selon une étude suédoise, il y aurait une très légère augmentation (5%) du nombre d’infarctus du myocarde dans les deux semaines qui suivent le passage à l’heure d’été.
Mais le passage à l’heure d’été représente le retranchement d’une heure, alors que celui de l’heure d’hiver, ajoute une heure... et n’augmente le risque de crise cardiaque que de 1,5%.
En réalité, les conséquences physiologiques sont faibles. Certains auteurs ont avancé une augmentation certaine du nombre d’accidents de la route, mais cette hausse est controversée.
Il est certain que les conducteurs – quel que soit le véhicule – ne changent pas facilement d’habitude, et pourraient être plus étourdis lors de cette semaine où le sommeil est un peu perturbé.
Finalement, le changement d’heure, du point de vue de la santé, n’est pas si grave. L’heure que nous perdons le soir, nousla gagnons le matin, et que nous le voulions ou non, la journée d’hiver est courte.
Je vous recommande donc de faire attention sur la route. Mais surtout, ne vous laisser aller à la dépression saisonnière,qui se déclenche quelques fois lorsque l’on se rend compte qu’ilfait nuit dès la sortie du travail.
Si vous êtes sensible à ce phénomène, n’hésitez pas à opter pour une luminothérapie à la maison, avec une lampe adaptée. Elles sont aujourd’hui beaucoup moins onéreuses que par le passé!
Portez-vous bien,
Marc Turenne
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